top of page

Vers l’intrapreneuriat dans les collectivités locales ?


Un levier d’innovation organisationnelle et managériale

Dans le cadre de la Semaine de l'Innovation publique, Public I​mpact Management participait le 14 novembre dernier à la conférence « La co-construction des politiques publiques » organisée au Ministère de la Fonction publique, en présence de :

  • Emmanuel GRÉGOIRE, Adjoint à la Maire de Paris en charge des Ressources Humaines, des services publics et de la modernisation de l'Administration

  • Christophe GAUTIER, Directeur Général pour les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg

  • Virginie MADELIN, Directrice interministérielle pour l'accompagnement des transformations publiques SGMAP.

Parmi les nombreux thèmes abordés, l'un d'entre eux a tout particulièrement retenu notre attention : l'intrapreneuriat. Dans quelle mesure l'intrapreneuriat peut-il être un levier d'innovation organisationnelle et managériale pour les collectivités locales ?

L'intrapreneuriat : une démarche d'innovation interne

L'intrapreneuriat - l'intrapreneurship de l'autre côté de l'Atlantique - désigne une démarche d'entrepreneuriat interne : elle vise à diffuser l'énergie entrepreneuriale au sein d'une organisation plus vaste, en créant des structures internes, souples et agiles, confiées à des managers, salariés ou agents dédiés et chargés de développer des projets précis. En d'autres termes, l'intrapreneur est à la croisée de l'entrepreneur, du manager et du chef de projet.

Concept très prisé dans les grandes entreprises, l'intrapreneur est à l'origine de success stories bien connues : le post-it, inventé et porté par un salarié du groupe 3M qui avait mis au point par erreur un adhésif qui « colle sans coller vraiment » ; G-mail et Google Maps, conçus par les ingénieurs de Google sur les 20% de leur temps de travail consacré au développement de projets personnels …

L'intrapreneur au service de l'intérêt général : l'exemple de Pôle Emploi et de La Poste

A leur tour, les grands groupes publics se sont emparés de l'intrapreneuriat, dans le but d'utiliser les énergies créatives non plus seulement pour générer de la valeur mais pour améliorer la qualité du service public rendu. A chaque fois, le même principe : passer de l'idée à sa mise en oeuvre, en laissant les salariés créer et porter de bout en bout une nouvelle activité tout en profitant des infrastructures de l'organisation.

La Bonne Boîte est un moteur de recherche du portail de Pôle Emploi qui permet de trouver en un clic une liste d'entreprises avec des perspectives d'embauches élevées … et ainsi de postuler directement auprès d'elles sous la forme d'une candidature spontanée. Une initiative innovante … portée par Eric Barthélémy, conseiller Pôle Emploi à Metz et en poste depuis plus de 20 ans en Lorraine !

De son côté, le groupe La Poste a lancé en 2014 le programme « 20 projets pour 2020 ». L'objectif : offrir chaque année aux postiers l'opportunité de contribuer au développement du Groupe en proposant des projets innovants. Un concours qui suscite beaucoup d'enthousiasme (plus de 2500 participants lors des saisons 2014 et 2015). Parmi les pépites lauréates :

  • Box Temporis, qui permet de programmer l'envoi d'un colis jusqu'à 10 ans à l'avance, a été porté par Véronique Kilidjean, encadrante courrier en Haute-Normandie

  • Oh my keys, un service pratique et sécurisé permettant de déposer ses doubles de clés dans un bureau de poste, porté par Xavier Lacrampe, directeur administratif et financier de la région Nouvelle Aquitaine.

L'intrapreneuriat : au tour des collectivités locales !

Notre activité d'accompagnement au changement auprès des collectivités locales nous a permis d'identifier les trois leviers clés de l'intrapreneuriat dans les collectivités :

  • Créer des équipes-projets pluridisciplinaires, avec des agents issus de plusieurs services : « frottement créatif »

  • Créer une structure interne plus ouverte et agile qui va pouvoir rapidement prototyper et tester ses idées auprès des agents et du citoyen : « agilité créative »

Développer une collectivité capable d'innover constamment, en s'appuyant sur la diversité de ses agents : « résolution créative ».

Ceci corrobore tout à fait les recherches les plus récentes de la Harvard Business School sur l'innovation dans les organisations :

L'intrapreneuriat, un nouvel outil RH

Une fois responsables d'un projet qu'ils façonnent et mettent en place, les agents se sentent davantage impliqués dans les projets de la collectivité et n'ont aucun mal à trouver du sens à leur travail. Ces agents seront autant de relais sur lesquels s'appuyer pour des changements organisationnels et stratégiques futurs.

Diffuser la culture-intrapreneur dans les services permet d'offrir aux agents, notamment auprès des jeunes générations, la possibilité d'exprimer une gamme de talents plus élargie, davantage orientés vers l'innovation. L'intrapreneuriat est un message de confiance adressé aux ressources internes de la collectivité : c'est avant tout des agents eux-mêmes que viendront les solutions les plus adaptées pour améliorer le service public rendu.

Pour éviter le choc de culture : un modèle de complémentarité, et non de substitution

Nous sommes conscients que le changement de culture peut être important : il s'agit en effet de passer de la définition d'une vision stratégique qui va des directeurs vers les niveaux hiérarchiques inférieurs, à la création d'une communauté qui veut et peut produire de nouvelles idées collectivement (du top-down au bottom-up).

Dans un contexte où les managers sont appelés à répondre à des problèmes complexes et où les solutions doivent être résilientes (à savoir, en constante adaptation avec leur environnement en mutation), l'encadrant ne peut plus se contenter de définir seul la marche à suivre : il doit s'appuyer sur l'intelligence collective.

Pour avancer sans tout déstabiliser, il nous semble qu'il faut privilégier un modèle de complémentarité et non de substitution. C'est pourquoi les consultants de Public Impact Management proposent de considérer l'intrapreneuriat au même titre que le mode projet : à savoir une modalité organisationnelle qui ne se substitue pas à l'organisation conventionnelle, mais qui la complète. Les équipes intrapreneuriales sont ainsi chargées de faire décoller des projets stratégiques qui, une fois viables, intègrent le fonctionnement habituel de la collectivité.

L'accompagnement des intrapreneurs

Plusieurs dispositifs peuvent être mis en place pour faire en sorte que la démarche intrapreneuriale ne soit pas seulement une réponse d'affichage, répondant à une mode passagère, mais une dynamique pérenne qui s'inscrive dans le temps.

Les start-ups d'Etat constituent une première source d'inspiration : si le mot peut hérisser certains, elles renvoient au déploiement d'équipes agiles dédiées à la conception d'un produit ou d'un service public concret sur une durée limitée : utilisation des data science pour réduire la mortalité routière, conception de Marchés Publics Simplifiés, … Les équipes sont accompagnées et encadrées par le Secrétariat Général de la Modernisation de l'Action Publique (SGMAP).

​A chaque fois, les mêmes logiques sont à l'œuvre : la constitution de pépinièresou de laboratoires qui « incubent l'idée avant que l'organisation ne la tue » (Emmanuel Grégoire). Les méthodes de réflexion se rapprochent du design thinking, en adoptant une approche centrée sur l'utilisateur.

La Mairie de Paris, très en pointe sur ces questions, va très prochainement lancer ses premières start ups de ville : un modèle pour les collectivités locales, qui restent encore largement en retrait ?

bottom of page