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Accompagnement social : les conditions de l’exercice vont / risquent / doivent profondément évoluer

L’extra ordinaire situation que l’humanité vient de vivre suscite des vocations de futurologues et de prévisionnistes de toutes sortes. On nous décrit un « monde d’après » en rupture, ou au contraire en amplification, de ce que nous vivions jusqu’à la fin 2019.

Très concrètement, pourtant, l’irruption de la « distanciation sociale » et la généralisation des « gestes barrière », semblent bien constituer des signes tangibles d’un nécessaire changement de paradigme, ou d’une accélération d’un mouvement déjà engagé par le passé.

L’accompagnement social traditionnel (médico-social, éducatif, socio-éducatif, …) – je fais avec la personne en face de moi – restait la forme habituelle voire idéale, avec quelques ajustements marginaux concédés à l’insuffisance des moyens ou à l’enthousiasme de praticiens rompus à des approches volontaires pour tirer tout le parti possible des nouvelles technologies. L’usage de l’informatique par les médecins de ville avait déjà quelque peu bousculé les certitudes, accommodant les citoyens à la concomitance de l’ordinateur et de l’interaction interpersonnelle avec un praticien. L’action sociale, ou éducative, allait-elle être le dernier bastion de la relation non digitale ?

Une des premières mesures de l’assurance maladie, en plein pandémie, a été la simplification des conditions d’accès à la téléconsultation. Nous sommes loin des récriminations face à l’absence de palpation ou d’omission de prise de la tension. Nécessité fait loi…

Le parallèle avec l’accompagnement social n’en est pas affaibli. Oui, que ce soit pour gérer le déconfinement et éviter une résurgence, que ce soit pour s’adapter à une situation qui pourrait devenir chronique, ou pour affronter de futures pandémies qui ne sont plus un risque abstrait, il faudra à l’avenir accompagner les citoyens et éviter un blocage de l’ensemble du système.

Ne pas perdre les plus fragiles. Traiter les situations en risque de dégradation rapide et profonde. Être présent pour ceux qui en ont besoin. Sans être exhaustif, autant de motifs d’adapter nos modes de prise en compte des besoins et des réponses apportées par nos services. Et sans laisser au bord du chemin les oubliés de la fracture numérique.

Un changement d’approche, ou une confirmation ; mettre en place les alternatives à la rencontre en permanence, en rendez-vous et en visite à domicile nécessite une systématisation, une généralisation et un outillage.

Systématiser, avec des protocoles qui s’assurent du respect des règles déontologiques et facilitent les interventions des praticiens selon des approches éprouvées et concertées.

Généraliser, car l’équité de traitement des usagers ne doit jamais être une option, et il faut que les citoyens puissent solliciter des professionnels formés intervenant dans un cadre structuré.

Outiller : au-delà de leur formation, les professionnels doivent utiliser des outils à la hauteur du nouveau paradigme ; moyens de communication, accès partagé mais maîtrisé à l’information, mobilité, subsidiarité en s’appuyant sur les capacités des usagers …

On le voit, s’il ne s’agit pas au fond, d’une approche nouvelle de la relation d’accompagnement, les conditions de l’exercice vont / risquent / doivent profondément évoluer.

Tout doit changer pour que rien ne change.


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