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Jean BALL

Relancer les projets sociaux de territoire ?


Face aux métamorphoses rapides de notre société et à la massification des besoins sociaux, les services sociaux des Départements sont confrontés à un double défi : celui de l’adaptation de leur modèle d’intervention et celui de leur modernisation. Ceci se traduit par de nombreux projets :

  • Évolution de la carte des territoires et des implantations, pour mieux coller à la géographie et aux compétences des nouveaux EPCI et offrir de meilleures conditions d’accueil ;

  • Rénovation des modes d’intervention sociale, avec à la clé une refonte des processus et des outils d’accueil et d’accompagnement ;

  • Le cas échéant, articulation des 2 mouvements précédents avec certains projets transversaux de la collectivité (accueil multicanal, rénovation de la gestion de la relation avec les usagers, …) ;

  • Révision de la répartition des rôles et responsabilités entre les services du siège et les services déconcentrés ;

  • Création de nouvelles fonctions, mutualisées ou non avec les autres pôles d’activité du département, en charge de « l’observation », de « la modernisation », de « l’innovation » ;

  • Engagement des équipes dans des démarches plus préventives, plus inclusives et plus partenariales, à travers l’élaboration et la mise en œuvre de projets sociaux de territoire ; etc.

Dans leur grande majorité, les équipes de terrain partagent les nouvelles orientations fixées par les élus :

  • rupture avec un mode de fonctionnement très centralisé,

  • affirmation de la présence de proximité du Conseil départemental,

  • davantage de pouvoir de décision au niveau territorial

  • ouverture sur les partenariats institutionnels et locaux,

  • intervention sociale plus préventive, prenant mieux en compte les singularités démographiques et socio-économiques de chaque territoire ainsi que les atouts ou faiblesses des dynamiques partenariales, avec le souci de la participation des usagers.

Malheureusement, il y a loin de la coupe aux lèvres. De telles évolutions nécessitent d’y consacrer du temps, et la majorité des équipes de terrain objecte un manque de disponibilité pour contribuer pleinement à ces projets (priorité aux urgences sociales, aux évaluations enfance en danger). C’est particulièrement criant pour ce qui concerne ce « nouveau type » d’intervention sociale basé sur les projets sociaux de territoire (PST). Le manque de temps, mais aussi le manque d’expérience et de formation dans la conduite de projets à portée collective et territoriale ont trop souvent raison des meilleures volontés. Pour maintenir la dynamique initiale, souvent basée sur une expérimentation localisée, pas de miracle, plutôt quelques bonnes pratiques :

  • Former et accompagner les équipes projet dans chaque territoire concerné

  • Sortir de l'approche par dispositif et par action pour une approche plus globale et plus stratégique du territoire

  • Impliquer toutes les parties prenantes, dès la phase d’état des lieux et de diagnostic : les élus du territoire, les professionnels des principales institutions (CD, CAF, bloc communal), les associations et les habitants (participation sous différentes formes : immersion, observation ethnologique, design thinking)

  • Bannir autant que faire se peut les outils juridico-administratifs (conventions, chartes, pactes, GIP, …) et privilégier la confiance entre les personnes, les textos, les communautés en ligne

Et dans votre département, qu’en est-il ?


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