Face aux métamorphoses rapides de notre société et à la massification des besoins sociaux, les services sociaux des Départements sont confrontés à un double défi : celui de l’adaptation de leur modèle d’intervention et celui de leur modernisation. Ceci se traduit par de nombreux projets :
Évolution de la carte des territoires et des implantations, pour mieux coller à la géographie et aux compétences des nouveaux EPCI et offrir de meilleures conditions d’accueil ;
Rénovation des modes d’intervention sociale, avec à la clé une refonte des processus et des outils d’accueil et d’accompagnement ;
Le cas échéant, articulation des 2 mouvements précédents avec certains projets transversaux de la collectivité (accueil multicanal, rénovation de la gestion de la relation avec les usagers, …) ;
Révision de la répartition des rôles et responsabilités entre les services du siège et les services déconcentrés ;
Création de nouvelles fonctions, mutualisées ou non avec les autres pôles d’activité du département, en charge de « l’observation », de « la modernisation », de « l’innovation » ;
Engagement des équipes dans des démarches plus préventives, plus inclusives et plus partenariales, à travers l’élaboration et la mise en œuvre de projets sociaux de territoire ; etc.
Dans leur grande majorité, les équipes de terrain partagent les nouvelles orientations fixées par les élus :
rupture avec un mode de fonctionnement très centralisé,
affirmation de la présence de proximité du Conseil départemental,
davantage de pouvoir de décision au niveau territorial
ouverture sur les partenariats institutionnels et locaux,
intervention sociale plus préventive, prenant mieux en compte les singularités démographiques et socio-économiques de chaque territoire ainsi que les atouts ou faiblesses des dynamiques partenariales, avec le souci de la participation des usagers.
Malheureusement, il y a loin de la coupe aux lèvres. De telles évolutions nécessitent d’y consacrer du temps, et la majorité des équipes de terrain objecte un manque de disponibilité pour contribuer pleinement à ces projets (priorité aux urgences sociales, aux évaluations enfance en danger). C’est particulièrement criant pour ce qui concerne ce « nouveau type » d’intervention sociale basé sur les projets sociaux de territoire (PST). Le manque de temps, mais aussi le manque d’expérience et de formation dans la conduite de projets à portée collective et territoriale ont trop souvent raison des meilleures volontés. Pour maintenir la dynamique initiale, souvent basée sur une expérimentation localisée, pas de miracle, plutôt quelques bonnes pratiques :
Former et accompagner les équipes projet dans chaque territoire concerné
Sortir de l'approche par dispositif et par action pour une approche plus globale et plus stratégique du territoire
Impliquer toutes les parties prenantes, dès la phase d’état des lieux et de diagnostic : les élus du territoire, les professionnels des principales institutions (CD, CAF, bloc communal), les associations et les habitants (participation sous différentes formes : immersion, observation ethnologique, design thinking)
Bannir autant que faire se peut les outils juridico-administratifs (conventions, chartes, pactes, GIP, …) et privilégier la confiance entre les personnes, les textos, les communautés en ligne
Et dans votre département, qu’en est-il ?